Par Elodie Bousquet publié le 09/01/2015 L’Express Style Quelques conseils express. On respire, on souffle… Plus facile à dire qu’à faire me direz-vous. On y croit. Mais au fait! Allez-vous participer in situ au grand rassemblement du 11 janvier ou allez-vous y participer dans votre fauteuil devant la télévision, en faisant le jeu des terroristes? En sachant que le risque zéro n’existe pas. Vous le savez. //RO Getty Images/iStockphoto Tuerie à Charlie Hebdo, fusillade à Montrouge, prises d’otages… Dans le contexte de violences exceptionnel que connaît actuellement la France, comment prendre du recul et ne pas céder à la panique? Les conseils de deux psychologues. Charlie Hebdo, Montrouge, Dammartin-en-Goële, Porte de Vincennes… une succession d’événements violents endeuille la France cette semaine. De quoi susciter l’émotion, l’indignation, la colère chez beaucoup, mais aussi la peur et l’anxiété pour certains d’entre nous », explique Laurie Hawkes, psychologue clinicienne auteur de La peur de l’autre Eyrolles. La peur, arme psychologique favorite des terroristes qui, par leurs actes sanglants au sein d’une population ont pour but d’infléchir le public », rappelle Louis Crocq, psychiatre des armées et fondateur des cellules d’urgence médico-psychologiques CUMP qui prennent en charge les victimes d’attentats. Dans un tel contexte, comment ne pas céder à la panique et, de fait, à la manipulation? Comment, malgré le choc, voire le traumatisme pour l’entourage proche des victimes, continuer à vivre sa vie de la façon la plus normale possible? En parler Mettre des mots sur ses émotions, ne pas s’enfermer seul avec sa peine est le premier conseil que je donne à mes patients » explique Laurie Hawkes. Pour la plupart des gens, parler avec l’autre, un conjoint, un ami, un collègue agit en quelque sorte comme une soupape de décompression. Cela permet d’évacuer le stress et, bien souvent, de penser de manière plus raisonnée », indique la professionnelle qui préconise cependant d' »éviter les conversations exaltées qui tournent à l’obsession à la machine à café et qui ne font qu’entretenir ou augmenter l’angoisse ». Au besoin, n’hésitez pas à changer de sujet ou tout simplement à vous éclipser ». En revanche, en cas de crise de panique, parler à l’entourage ne suffit plus » prévient Laurie Hawkes. Une personne en proie ce genre de trouble est de toute façon incapable de penser de manière raisonnable. L’aide d’un psychologue ou d’un psychiatre est alors nécessaire. Ce dernier pourra notamment prescrire des calmants légers le temps de la phase transitoire. Il ne faut pas hésiter à consulter d’autant que parfois, hors résurgence de vieux traumas, seules quelques séances suffisent pour aller mieux. » Se rassembler Sortir, voir du monde, se rassembler à l’image des manifestations qui ont eu lieu au soir même de l’attaque sanglante du 7 janvier peut également être un bon moyen de garder une position active dans le drame qui se joue. Dire haut et fort Je suis Charlie’, allumer une bougie en tenant la main de son voisin, c’est dire je suis debout, je suis actif, je reprends les choses en main » analyse la spécialiste. En somme oser s’indigner pour ne pas être esclave de la peur. Rationaliser Dans le cas d’attentats terroristes, l’émotion et l’empathie sont si fortes dans les heures et les jours qui suivent l’événement qu’elles empêchent souvent la pensée objective. Il est pourtant important de rationaliser les choses. Garder en tête que, statistiquement, ce type d’acte est -fort heureusement- rare et a donc peu de chances de nous toucher directement permet de ne pas céder à la psychose », explique Louis Crocq. Un avis auquel se range également Laurie Hawkes Il faut bien garder à l’esprit qu’un attentat est un événement exceptionnel. » Dans les moments de doute ou lorsque l’angoisse surgit -dans les transports en commun, les magasins, face à un inconnu-, la spécialiste conseille également de se recentrer, pourquoi pas en fermant les yeux, en échangeant un sourire avec son voisin, et d’écouter son dialogue intérieur ». Dans ces moments-là , il est important de se rappeler les valeurs fondamentales auxquelles on croit, tel un appel intime à la raison. » Ne pas changer ses habitudes Lire la suite sur
E7ESAn. 37 484 174 285 94 112 392 378 249